Dans ce roman paru en 1976, Richard Yates dépeint la descente aux enfers de deux sœurs, Sarah et Emily, pendant quarante années d’une Amérique flamboyante.
De quoi parle-t-on ?
De la vie de deux sœurs américaines, Sarah et Emily Grimes, des années 30 aux années 70. Après une enfance morose, entre une mère perpétuellement insatisfaite et un père « simple préparateur de copie », elles fondent tous leurs espoirs sur leur vie d’adulte. Très différentes – Sarah, la plus jolie des deux, veut se marier rapidement alors qu’Emily, la littéraire, est farouchement indépendante – elles prennent alors des directions opposées au sortir de l’adolescence. Sarah épouse le beau Tony, s’installe à la campagne dans la propriété de ses beaux-parents et devient mère de famille (elle a trois enfants en 3 ans) pendant qu’Emily se lance dans les études et découvre les hommes à New York. Pourtant, nous le savons depuis la première ligne du livre : « Aucune des deux sœurs Grimes ne serait heureuse dans la vie ». C’est donc à une perte lente et progressive des illusions que l’on assiste ici. Richard Yates tord le cou aux stéréotypes et montre au lecteur ce que cachent la lisse existence d’épouse rangée de Sarah et la vie de femme libérée d’Emily.
Pourquoi est-ce un chef d’œuvre ?
C’est une chronique désabusée de la classe moyenne américaine et, plus largement, un récit de vie(s), dans ce qu’elle a de plus ordinaire, des aspects les plus heureux (l’amour, les rencontres, le succès) aux plus sombres (la trahison, la perte des proches, l’égoïsme). Avec brio, Richard Yates décrit la chute progressive de chacun des personnages dans un monde où l’Amérique triomphante est célébrée sans cesse.
Bon à savoir
-Chaque dimanche de Pâques, la 5e Avenue de New York accueille une foule dense, parée de ses plus beaux atours. C’est la parade de printemps (en anglais « easter parade »). C’est lors de cet événement annuel, alors qu’ils sont tous deux jeunes, beaux et fougueusement amoureux, que sont immortalisés Sarah et son fiancé Tony.
-Richard Yates est aussi l’auteur de La Fenêtre panoramique (adapté au cinéma par Sam Mendes sous le titre Noces Rebelles).
Un extrait