La mariée était en noir est l’histoire d’une implacable vengeance. Celle de Julie qui a vu son mari se faire tuer dès la sortie de l’église. Racontée par William Irish dans The bride wore black, paru en France en 1946, elle fut reprise par François Truffaut dans un film de 1967.
Similitudes
Les deux récits sont globalement très proches. Ils sont même presque identiques dans leur première partie. Dans le livre comme dans le film, on suit Julie quitter son domicile pour se lancer dans une série de meurtres. Les noms des personnages ont globalement été conservés.
Différences
Dans le livre, les faits se déroulent dans une seule et même ville (New York), sur deux années. Le même inspecteur est chargé de toutes les affaires mettant en cause la jeune femme et joue donc un vrai rôle dans la progression de l’enquête. Une enquête rendue particulièrement difficile par les changements physiques de Julie.
Truffaut choisit quant à lui de situer son histoire en France et de varier les lieux des meurtres, qui ont lieu sur plusieurs (longues) années. Il n’exploite pas entièrement les possibilités de transformation physique du livre : Jeanne Moreau ne modifie qu’une seule fois son apparence (et il ne s’agit que de porter une perruque).
Principale différence entre le livre et le film, les coupables ne sont pas les mêmes. Et la révélation est faite à la fin du livre, mais au milieu du film.
Points forts du film
On a plaisir à voir jouer de grands acteurs, parfois dans leurs débuts : Claude Rich, Michel Bouquet, Michael Lonsdale, Charles Denner, et bien sûr Jeanne Moreau. En donnant largement la parole aux hommes, qui à chaque fois se placent dans une situation de séduction face à Julie, le film apporte une réflexion sur leur vision de la femme idéale.
Points forts du livre
Il y a une vraie maîtrise du récit : les affaires prennent de l’épaisseur au fil des pages, le rythme s’accroît et le suspense tient le lecteur en haleine jusqu’à la révélation finale. Pour autant, la dimension psychologique des personnages n’est pas négligée. La fin, noire à souhait, laisse le lecteur KO.
Qui gagne le match ?
Grâce à sa parfaite maîtrise des codes, son suspense haletant, la dimension psychologique des personnages, le livre est un excellent policier, considéré comme un chef d’œuvre du genre. La révélation finale fait du livre une véritable tragédie.
En évacuant la dimension policière et en se concentrant sur la vengeance, Truffaut a préféré réaliser un film dramatique. Plaisant à regarder, il ne possède pourtant pas la force du livre.
C’est le livre qui gagne le match.