Dans son dernier roman, L’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage, Haruki Murakami renoue avec les thèmes qui lui sont chers. À travers l’histoire de cet homme « sans couleur », il offre une belle réflexion sur l’accomplissement de soi.
Du temps de ses années de lycée à Nagoya, Tsukuru Tazaki faisait partie d’un groupe de cinq amis à l’harmonie parfaite. Une communauté extrêmement soudée qui avait pour but sa perpétuation. Et aux liens suffisamment forts pour résister à l’éloignement géographique d’un de ses membres – le déménagement de Tsukuru à Tokyo pour ses études. Dès leur rencontre, le monde de Tsukuru se mit à tourner autour de ce groupe – jusqu’à ce jour funeste, pendant sa 2e année d’université, où ses amis lui annoncèrent, sans aucune explication, ne plus jamais vouloir le voir. Tsukuru tomba alors dans une dépression profonde, où il resta plusieurs mois au seuil de la mort. Aujourd’hui âgé de 36 ans, célibataire, ingénieur constructeur de gares à Tokyo, Tsukuru Tazaki mène une vie solitaire et fade. Sa rencontre avec Sara va le pousser à rechercher les raisons de cette exclusion pour devenir celui qu’il est vraiment.
Paru sans grand bruit à l’automne dernier, L’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage est un agréable roman de Murakami. On y retrouve avec plaisir l’écriture fluide et imagée de l’auteur, son sens du suspense, ainsi que de nombreux thèmes qui lui sont chers : la difficulté du passage à l’âge adulte, la solitude des êtres, le détachement des personnages, sans oublier la place de la musique – ici Le Mal du pays de Franz Liszt – et le recours à l’onirisme.
Sorte de thriller sentimental, le roman nous embarque dans le voyage de Tsukuru – imagé et réel – vers son passé, pour rendre le futur possible. Sur ce plan, on reste un peu sur sa faim : le livre se termine avant la fin prévue et de nombreux mystères demeurent sans réponse. Pis, la révélation tant attendue ne produit pas l’effet escompté.
Mais plus largement, le roman est l’histoire d’un cataclysme suivi d’une renaissance : ses seize années de pèlerinage – sorte de voyage intérieur, depuis le chaos jusqu’à la clairvoyance – permettent à Tsukuru de renouer avec lui-même, de découvrir qui il est vraiment. De ce point de vue, c’est une réussite.
À offrir à : Un fan de mangas, pour qu’il découvre une autre facette de la culture japonaise.
La citation :
L’anecdote : Murakami est régulièrement pressenti pour le Prix Nobel de littérature. À suivre donc…
En pratique : Publié chez Belfond, 368 pages, 23 €.