« Depuis la mort de Mamiette, mon chagrin est grand, un véritable éléphant. Il me suit partout, tout le temps.
Je me souviens très bien de la première fois où je l’ai vu, assis, là, à côté de moi. C’était dans la voiture, en revenant du cimetière. A l’avant, papa et maman parlaient sans faire de bruit. (…) C’est quand maman m’a regardé dans le rétroviseur sans lâcher le volant et qu’elle m’a annoncé : Mercredi, la voisine t’accompagnera au centre aéré, c’est arrangé. Oui, c’est quand maman a prononcé ces mots ‘c’est arrangé’ que mon chagrin éléphant a fait son apparition. Le mercredi, c’était le jour où j’allais chez Mamiette, avant. »
De quoi s’agit-il ?
Mon chagrin éléphant est un album jeunesse de Cécile Roumiguière pour le texte et Magdalena Matoso pour les illustrations, paru en 2015 aux éditions Thierry Magnier. Un petit garçon raconte l’apparition de son « chagrin éléphant » à la mort de sa grand-mère tant aimée Mamiette. Un chagrin qui prend beaucoup de place, comme un éléphant, et qui est là tout le temps ! Parfois il enfle, au point de prendre toute la pièce ; d’autres fois il se fait plus petit. Le petit garçon, qui ne trouve rien dans ses livres d’animaux sur les chagrins éléphants, demande à sa maman ce qu’elle ferait si elle avait un ami encombrant. Ce à quoi la maman répond : « je crois que je lui trouverais un autre endroit où aller, quelque part où il serait bien. » Le dimanche suivant, la famille se rend dans le cimetière planter graines, bulbes, pousses, à côté de la tombe de Mamiette qui aura ainsi « le plus beau jardin du cimetière » et pour que le chagrin éléphant vienne s’y installer. C’est à partir de là que le chagrin éléphant commence à diminuer et disparaît même de plus en plus souvent. Désormais, le chagrin éléphant est un discret compagnon du petit garçon, avec qui se rappeler Mamiette et penser à elle.
A qui s’adresse-t-il ?
Aux enfants à partir de 5 ans.
Pourquoi faut-il l’avoir dans sa bibliothèque ?
C’est un très joli livre, très poétique, aux illustrations gaies et toutes en couleurs, malgré le thème du deuil, difficile à traiter. Ici, le chagrin est matérialisé par l’éléphant, ce qui rend ce sentiment très concret pour l’enfant. Ce qui me semble intéressant aussi, c’est que tout n’est pas négatif dans la présence de l’éléphant, puisqu’il lui « souffle des souvenirs de Mamiette dans l’oreille » : l’enfant apprend ainsi qu’au fil du temps, le chagrin s’épuise et il reste les souvenirs, ce par quoi la personne décédée demeure auprès de nous. Un thème très fort donc que l’auteure Cécile Roumiguière aborde de manière très fine, en s’appuyant sur les illustrations très colorées de Madalena Matoso. Un album qui attirera l’oeil de l’enfant et qui plaira aussi aux parents.
Un coup de coeur !